la porte ouverte 88
BALLADE EN VILLE
Voilà une heure que je déambule dans ses rues,
Une foule me croise, me marche sur les pieds
Sans même me regarder.
Voilà déjà deux fois que passent les pompiers
Sirène à fond emportant un blessé.
J’ai le cœur qui se serre
Comme à chaque fois que je les entends
C’est à dire bien trop souvent
Voilà maintenant celui qui m’aborde
Que veut-il donc ? De l’argent bien sur
Pourquoi ? non, je n’écoute pas !
Et je m’enfuis comme à chaque fois
Et sur le trottoir, ici et là
Une femme mendie, un enfant dans les bras
Un homme allongé dort, il a trop bu
Une autre vend des fleurs
Ils sont les fleurs de la rue
J’en ai assez ! je veux rentrer !
Toutes ces boutiques me tendent
Des vitrines aux offres exceptionnelles
Tout ces appels à dépenser
Qui nous font croire le superflu, essentiel
Et tous ces gens qui me bousculent
Sans même s’arrêter, indifférents
Enfin, je retrouve ma voiture
Et je me sauve bien vite
Mais voilà, un feu rouge m’arrête
Plusieurs hommes attendent
Et ils se précipitent, un chiffon à la main
Un grand sourire aux lèvres
Et l’un attaque mon pare brise
Alors, agacée, je secoue la tête
Et je dis non, et il s’en va !
Aussitôt je regrette
Je rêve de paix et d’amour
Et je dis non à celui qui demande
Qu’est ce donc qu’une petite pièce ?
J’ai honte de n’être qu’humaine
J’ai ma pièce dans la main
Il est déjà parti, je m’en veux
Les grandes idées je le crois
Commencent par les petits gestes
Combien en manquerais encore ? ?