la porte ouverte 81
Phrase qui revenait à chaque fois, et nous les filles qui riont à voir faire et s’agiter nos maris devant le plat sacré de chez nous !
La culture
J’emploi souvent le mot « culture » pendant mon enfance et mon adolescence, mais il y a une raison précise à cela. Les arabes et nous n’avions pas la même religion, mais nous vivions ensemble dans le même pays depuis des générations. Il faut aussi ajouter que l’Espagne a été longtemps occupée par les arabes, si bien que nos deux cultures au fil du temps se sont énormément rapprochées.
Nous vivions sur les principes catholiques :
- Un seul mariage, Jésus, Marie, Joseph bien que Jésus et Marie soient aussi cités dans le Coran en temps que prophètes et que Marie y a une bien plus belle part que dans les évangiles eux même, et de plus elle est voilée (normal pour toutes les femmes de l’époque !). Donc il est très courant qu’une musulmane s’adresse à Marie ou Mariam ou Myriam ce qui signifie la même chose dans des langages différents.
Donc le mot culture pour moi ne signifie pas religion mais plutôt mode de vie, et là, en Algérie, nous, les femmes nous n’étions pas gâtées, il fallait emmener nos frères si nous voulions sortir, et encore si le père ou la mère voulait bien que leur fille quitte la maison. Plus tard, en France, j’aurai presque des journées de femme de ménage quand je n’allais pas au collège (c’est pourquoi j’ai toujours aimé y aller !) Aujourd’hui mes mains sont abîmées, et ce n’était pas marrant du tout de regarder nos frères qui s’amusaient pendant que nous étendions le linge. Patins à roulettes interdit (pourquoi ?) vélos tolérés pour aller à l’école si c’était trop loin, il fallait conserver "le diamant qui dormait entre nos fesses" (Brel). Ca a tellement bien marché avec moi que le jour fatidique, il n’y avait plus de trésor ! heureusement que je n’étais pas musulmane, je me demande si mon mari m’aurait cru ou s’il m’aurait fait un procès comme cela est arrivé en France, procès gagné de plus ! incroyable !
Dans la culture arabe, il arrive encore souvent qu’une jeune fille soit obligée de se marier à cause des pressions que pèsent sur elle sa famille, père, mère et frères, et cela arrive même en France.
J’ai entendu beaucoup d’histoires de jeunes filles musulmanes que j’aimais beaucoup et qui avait d’énormes problèmes avec les leurs L’homme domine complètement sa femme (Enfin il en a le pouvoir, mais beaucoup sont de très bons maris). Ce que je raconte ici se passe avant 62 mais ce n’est pas mieux sinon pire aujourd’hui ! La hantise des parents quand ils ont une fille, c’est qu’elle ne soit pas vierge le jour de son mariage. Autrefois, la famille mettait un drap à la fenêtre le soir des noces. C’était l’honneur de la famille de la mariée qui était en jeu s’il n’y avait pas de traces de sang. Cela continue encore dans certains pays.
La répudiation était facile, du moins ce qu’en a vu maman avant 62 et qu'elle nous racontait souvent....
Le mari allait voir le marabout sans en parler à sa femme :
- Tu me donnes cinquante francs et tu es divorcé, lui disait le brave homme,
et une fois l’argent reçue, le marabout déchirait le livret de famille. Voilà, c'était fait, rien de plus !