la porte ouverte 80
sommes réfugiés auprès de maman, qui nous a dit qu’il ne fallait pas faire des choses comme cela, surtout par curiosité…
Patrick est devenu blanc :
- Pour sûr, moi, ça m’a traumatisé pensant des années ! Je ne ferais plus jamais ce genre de conneries ! dit-il aussitôt, effrayé
- BROUAAAH ! JE SUIS UN FANTOME !!! , répartit Fred en se moquant !
Milène poussa un petit cri strident avant de s’enfuir loin de Fred qui riait aux éclats.
- Fred, t’es vraiment trop con ! hurla-t-elle
- C’est bon ! ! ! j’arrête ! ! ! On est là pour rigoler, non, pour une fois que l’on est tous ensemble. Allez, on va mettre des vieux disques des années soixante dix. Qui veut danser avec moi ? Chantal, tu viens ? dit Fred en se tournant vers moi
- Ben oui, tu sais que j’adore danser, chouette ! On y va, on va casser la baraque à nous tous ! ! ! Youpi , en avant la musique………….
Et nous voilà partis, tous les cinq plus conjoints et enfants à nous trémousser sur une musique des années 70 ou bien à hurler les chansons de cette époque. On s’éclatait de cette façon une fois l’an, avant de retourner chez nous aux quatre coins grisonnants de la France. Pour une soirée, nous redevenions des enfants, des ados qui riaient aux éclats, qui entonnaient tout un répertoire désuet arrosé de ponche, boisson sucrée espagnole. Nos soirées à nous où nous n’avions besoin de personne pour hurler de rire au point que la première fois que mes filles ont assisté au rituel, elles ne reconnaissaient plus leur mère.
Papa et maman passaient en général une partie de la soirée avec nous, et nous nous époumonions avec le répertoire de notre passé sans risquer de gêner les voisins puisqu’ils n’y en avaient pas. Nous n’avions qu’un petit magnétoscope et une folle envie de nous éclater, de profiter à fond de cette soirée qui ne reviendrait pas avant un an. On a même cassé une table à force de taper dessus pour rythmer nos chants. Mais papa et maman riait avec nous.
Le lot, c’est notre petit paradis, tous nos souvenirs sont là bas, chaque chose que j’y voyais me rappelait un souvenir lointain, j’adorais monter ou descendre dans toutes les pièces à la recherche des trésors d’autrefois, des photos, du semblant de pays qui y avait été recrée.
Papa avait acheté il y avait quelques années déjà vingt hectares de bois, loin de tout, proche de cahors, il avait encore rebâti une maison, commençant par un garage puis petit à petit tout le reste, et quand mes parents sont venus habiter définitivement cet endroit ils ont tout ramené de la Rochelle, si bien que je ne suis jamais sentie dépaysée à chaque fois que je suis venue, au contraire, c’était quelques jours hors du temps, ou le présent retrouve le passé par la magie d’un endroit.
Moments de pur bonheur. La paella traditionnelle au feu de bois, faite à chaque réunion annuelle, mais seulement par les hommes (pour une fois qu’ils faisaient quelque chose !) ou chacun disputait sa recette, la même à la base mais un petit détail qui changeait :
- la mienne est meilleure que la tienne !