la porte ouverte 79
Elle s’adresse à moi :
- En fait, tu sais, il n’a pas dit ça comme cela non plus. Et puis c’est vrai que c’est pas à cause de toi, c’est pas toi qui l’a vu cette fois ci ?
Je ne dis rien. Je garde le regard d’une accusée.
Un de mes frères propose un joint. Il ne se drogue pas, mais il lui arrive parfois de se détendre de cette façon, je connais beaucoup de gens qui fume occasionnellement des joints, mais moi j’ai déjà essayé, impossible, alors je ne prends pas celui que m'est tendu à mon tour, je ne supporte pas du tout, bien qu’ayant essayé, je l’avoue, mais même l’odeur me fait tourner la tête !
Mon fils ainé est curieux de savoir :
- Moi…..je ne connaissais pas cette histoire, mais par contre j’aimerai bien connaître la fois où vous avez appelé les esprits et il paraît que c’était le diable qui était venu ! Patrick ?
Surpris Patrick secoue la tête pour faire comprendre à son neveu qu’il ne veut plus parler de cette vieille aventure. Ma soeur souffle la fumée de sa cigarette avec un sourire. Milène, la femme de Patrick ne semble pas non plus connaître cette histoire, elle me regarde. J’ai toujours les yeux baissés, je n’ose pas la regarder. Je surveille ma famille du coin de l’œil, timide, dans mon coin, je glisse une phrase que personne ne comprend.
Milène se reprend et lève la tête.
Je répète d’un ton plus fort :
- C’était pas le diable !
Fred sourit d’un air narquois :
- C’était quoi alors ?
j’hésite :
- Je n’en sais rien !
- Vas-y raconte ! demande Anne
Le silence revint à nouveau. Arnaud, mon fils âgé de vingt cing ans ans, prend dans un carton une bière pour lui et en propose une à Fred et Patrick qui s’assoient avant de réceptionner les cannettes . Son père, mon mari, lui lance un regard qui signifie :
« Attention, n’exagère pas sur la bière ! » avant d’en prendre une lui aussi !.
Je pousse un soupir agacé , puis, je me mets à raconter cette histoire :
- En fait, on voulait s’amuser, bêtement, comme les ados que nous étions à l’époque. Nous étions ensemble et nous avons voulu faire une séance de spiritisme. Alors, on a fait le grand jeu, dans la caravane de mes parents. Malheureusement, Patrick, qui n’avait que neuf ans, en a été traumatisé. Donc, on allume une bougie, quatre autour de la table, le cinquième assis à coté, et on fait la chaîne, c’est simple on se tient tous par les mains, on finit par respirer au même rythme, sans vraiment le vouloir. En fait, ce n’était qu’un jeu pour nous, c’est tout. Nous avions posé une gourmette en argent sur cette table. Rien ne se passa jusqu’à ce que le cinquième, Jean Guy, assis à coté de nous, pose sa main sur la « chaîne », c’est à dire nos mains unies à nous. Et là tout a été très vite, quelques minutes, c’est tout, mais chacun d’entre nous a ressenti quelque chose, moi j’ai senti une main chaude se poser sur mon bras. Mon frère ainé a senti une main glacée dans son dos. Cela s’est fini bêtement, on s’est tous sauvés, terrorisés, et nous nous