la porte ouverte 92
- On travaille pour la patrie ?
- Vous allez toucher le pactole aux allocations familiales !
- Enfin, puisque vous avez l’air d’aimer les enfants !
- Alors, frangine, tu veux faire comme maman ? (mon frère ainé avec un grand sourire)
Pour un quatrième, les félicitations n’était plus de rigueur et nous fument pris pour des fous, des inconscients, des profiteurs d’allocations familiales…
Chez ma gynéco, en région parisienne, avoir autant d’enfants n’était pas courant
Tous les examens cliniques, toutes les échographies étaient normales
Dans le centre où je passai celle du quatrième mois, ils me racontèrent qu’ils ne leur étaient arrivé qu’une fois de déceler une anomalie, un cas de nanisme qui s’est terminé par un avortement thérapeutique.
On m’affirma que tout avait pu etre vu pour mon bébé, que tout était normal excepté un léger retard de croissance de l’enfant qui laissait à supposer une erreur de date. J’en sortie rassurée, j’avais tord !
En feuilletant un magasine féminin, j’appris qu’en faisant une prise de sang, on pouvait déterminer si le fœtus était dans les cas à risques de la trisomie 21 (mongolisme). Je demandai timidement à ma gynéco de bénéficier de cette garantie.
Cela fut fait. Une première fois, les résultats furent égarés. Je dus attendre quinze jours pour recevoir le duplicata. Je « n’étais pas dans les cas à risques » super non ! Le taux était trop faible. Mon moral remonta mais mes rêves ne me quittaient pas.
Quand j’allais dans les grands magasins, pour mes deux grossesses précédentes j’adorais rêvasser devant les rayons puériculture et en ressortais toujours en ayant acheté une pièce de layette . Pour mon fils ainé, à l’époque, cela ne m’intéressait pas encore et je dus rassembler rapidement au dernier moment le trousseau de l’enfant. Personne ne me conseillait non plus ! Seule ma grand-mère m’avait demandé si j’avais préparé quelque chose, devant ma réponse négative, elle me donna une petite valise en carton rouge que j’ai toujours gardée.
Pour ce quatrième, il se passait quelque chose que je ne pouvais m’expliquer rationnellement. Je me sentais bloquée, paralysée et n’osait plus m’approcher du rayon layette. Quelque chose de fort me retenait et mon angoisse se réveillait.
C’est ainsi que le mercredi 28 décembre 1988, j’avais noté le rêve suivant dans mon cahier sans le comprendre :
« Je suis à la maternité de l’hôpital, on me demande qui est mon bébé, j’hésite et je me trompe, je reconnais enfin le mien, je m’excuse en disant que je n’ai pas encore l’habitude de lui, c’est un poupon aux cheveux blonds clairs, on me demande son sexe, je regarde sous la couche, c’est un garçon. J’essaie de le déclarer à l’état civil mais personne ne veut étant donné qu’il n’est pas né là (dans l’hôpital). Il aurait du naître le 30, il a trois semaines d’avance. je me dis que je vais demander à mon docteur de le déclarer et de lui faire l’examen des huit jours… »
Mon rêve était exact sauf que le 9 juin j’ai refusé l’avortement pour laisser faire la nature puisque de toute façon, on m’avait dit que l’enfant ne survivrait pas. Il est