la porte ouverte -76-

Presque toutes ses  amies suivaient ce mouvement et l’encourageaient dans ce domaine. Ce que lui disait ses copines était devenu plus important que ce que je pouvais lui direes, mais l’adolescence est un cap particulier. Le satanisme, de nos jours,  commence dès la primaire aujourd’hui et il est très en vogue dans les écoles et collèges,  je ne l’ai appris que plus tard.  J'étais choquée, en attendant à la sortie du collège de voir tous ces adolescents pratiquement tous habillés en noir, comme s'ils étaient tous en deuil. Il est vrai que l'époque était beaucoup moins joyeuse que celle de ma propre adolescente

Mon  frère, lui, est né en 1960 dans un pays en proie à l’horreur et surtout dans le mauvais camp, d’après les autres, les bons français. Il a choisit de tout oublier, même ses origines trop difficiles à porter quand on n'a rien connu de ce qui s’est vraiment passé, il n’avait que deux ans à l’époque. Bien sur, je sais qu’il aime mes parents, mais être pied noir dans le monde du travail est souvent un handicap, j’en sais quelque chose, hélas.

Il m’est arrivé suffisamment de mésaventures dans le monde du travail, surtout à Paris où les gens ont l’impression que tous les pied noirs est juifs. Je n’ai rien contre les juifs, mais je n’en suis pas une ! Dans une société où j’ai travaillé en tant que chef comptable, et dirigeant un service de quatre personnes, j’ai vraiment ressenti une mise à  l’écart.

C’était en 1980, quand j’arrivais, toutes ses dames jacassaient ensemble mais dès que l’on me voyait, les discussions s’arrêtaient net. L’une d’entre elle voulait absolument que je sois juive, et j’avais beau lui dire que si j’étais juive je serai fière de l’être, mais que j’étais chrétienne. Il faut dire que dès qu’elles ont connu mon nom, mon cas était réglé. J’avais fini par demander à mon mari de m’offrir une toute petite croix en saphir que je portais au travail . Dommage, j’avais oublié quelque chose de très important  mais que nul n’aurait pu démentir. J’ai quatre frères et aucun n’est circonscrit, je n’y ai pensé que longtemps après, …. pour une fois ces dames auraient vu quelque chose de beau !

L'un de mes jeunes frères, quand il était petit, avait eu quand même des problèmes à ce niveau, mais mon père refusa la circoncision. Tous les soirs, ils s’enfermaient tous les deux dans la salle à manger et j’entendais mon frère hurler de douleur. Je ne comprenais pas pourquoi mon père faisait cela mais il a réussi. Je n’ai compris que bien plus tard, en entendant tout ce qui s’était passé pendant la guerre mondiale, et je sais que mon père avait eu raison. Avec notre nom et notre lieu d’origine, si cela recommençait, mon frère  aurait eu trop de problème. Mon petit frère avait environ six ans à cet époque, mais maintenant nul ne peut lui faire ce que l’on m’a fait à Paris, parce que chez les garçons c’est facile à prouver !

Heureusement pour lui que papa ait fait cela, et je sais que cela a du lui coûter, parce que sous des dehors parfois bourru, mon père est très sensible et ce qu’il avait vécu en 1962  l’avait rendu prudent. Dommage que moi je n’avais aucune preuve tangible à montrer à ces dames, bonnes françaises, elles, malgré leurs origines, et leurs noms, italien, polonais et portugais, la sottise de la réalité dépasse la fiction. Celle qui s’acharnait le plus contre moi avait un père hollandais, un mari italien, un fils italien aussi parce qu’il ne voulait pas faire le service militaire en France. Franchement, je n’arrive toujours pas à les comprendre, mais elles m’ont royalement ennuyée (j’ai envie d’employer un mot bien plus fort mais cela serait mal vu !). Quant au fait que cela ne puisse se reproduire, la aussi j’ai d’énormes doutes puisque tout le monde (ou presque) en