la porte ouverte -50-

Professionnellement, je débutais au plus bas échelon avec un simple BEP. Ce diplôme venait d’être crée par l’éducation nationale et quand je me suis présentée devant plusieurs employeurs potentiels, on me demandait :

   -    le BEP, qu’est ce que c’est ?

Dieu merci, j’avais été aussi reçue au CAP et cela me fut fort utile.

Dans le monde du travail, je m’aperçus que j’étais loin d’être bête et que je pouvais aussi être une acharnée du travail. Ma joie d’être enfin appréciée décupla mes forces et après avoir su saisir les opportunités qui se présentaient à moi, donnant beaucoup au début pour recevoir peu, s’intéressant à tout et ne refusant aucune tache, je me retrouvais promu cadre à l’age record de 25 ans avec le titre de chef comptable, mais en cette année-là, je n’en étais pas encore là.

La mode variait tous les ans, une année, il fallait s’habiller en jaune, la suivante en orange. J’eus aussi l’occasion d’essayer toutes les formes de vêtements qui existent encore aujourd’hui à part quelques détails qui changent. La mini-jupe ultra courte était très cotée, mais mes parents ne voyaient pas cela du tout d’un bon œil, alors, comme beaucoup de camarades de classe, je trichais. Je quittais la maison avec une jupe parentalement correcte, mais dès que j’avais tourné le coin de rue, je remontais ma jupe à la taille, de façon à obtenir ma mini-jupe sans problème.

J’ai tout porté, jupes longues ou jupes courtes, très courtes, pantalon patte d’ef ou pantalon serré, pantalon dans les bottes et tee shirts n’avaient rien à envier à ceux d’aujourd’hui. Le seul problème était le poids, il fallait être filiforme pour ces vêtements-là, et je ne l’étais pas à l’époque. Je n’étais pas grosse  non plus,  juste très bien portante.

Côté garçons, ce n’était pas le pied, mes petites aventures ne duraient jamais bien longtemps. Je me sentais de plus en plus complexée, et certaines remarques me blessaient énormément, dans le genre «  mocheté ! » de la part d’un garçon qui voulait sortir avec ma copine, et qui pensait que c’était à cause de moi qu’elle refusait. J’aimerais bien savoir à quoi il ressemble aujourd’hui, lui !

J’avais de belles jambes mais une mauvaise circulation sanguine (ce qui me jouera bien des problèmes plus tard, meme si à chaque fois je m'en suis sortie par "miracle". Avec le froid, ma peau prenait des couleurs bizarres, blanche, violette et jaune, ce qui me valut la réflexion d’un collégien que je ne connaissais pas :

   -    Elle a de belles jambes, mais c’est de la viande avariée. (charmant !)

Ca fait mal, les jeunes sont parfois vraiment stupides, les garçons en groupe devenaient carrément « cons ».

Une autre fois, je marchais dans la rue quand je croise un groupe de trois garçons, ils en poussent un vers moi en lui disant :

   -   Tiens, voilà ta fiancée !

et l’autre imbécile n’a rien trouvé de mieux à répondre que :

   -   J’en veux pas, elle est moche comme un clou. (lui-même était loin de ressembler à Brad Pitt, mais plutôt à Woody Allen !)

Ouille ! Que ça fait mal à cet age-là ! !

Mes frères aussi savaient être stupides. Quand nous partions en vacances en Espagne, (à deux mille kilomètres du Pas de calais, soit deux jours de route en voiture  !) il faisait tellement chaud là-bas que ma sœur et moi étions toujours en