aurore gueral -35-

que lui-même n’avait qu’un simple certificat d’études (comme il le répétait souvent). Il lui avait fallu travailler dès son jeune âge (14 ans) pour gagner des sous (ses parents non plus ne roulaient pas sur l’or) comme tant d’autres de cette génération.

Cela m’a valu la réputation familiale de bien travailler à l’école chez les miens ce qui me surprenait. Mais j’étais une fille et cela ne plaisait pas trop à maman, d’autant  plus que Jean Guy, l’aîné montrait moins de dispositions que moi et que papa était plutôt sévère avec lui ! Je ne sais pas comment je me débrouillais, peut-être que je n’aimais pas du tout le pensionnat saint Joseph ou les classes à double niveau, mais j’étais toujours en retard le matin alors que je n’habitais qu’à une rue de là. J’arrivais en général au moment de la prière du matin ce qui n’était pas du goût du professeur.

Il y eut le spectacle de Noël dont je m’étais réjouie à l’avance, j’étais un petit ange devant la crèche. Je préparais mon déguisement et l’étoile que je devais porter au front, Vraiment, ce devait être un beau jour ! En y réfléchissant plus tard, je me dis que l’on m’avait donné le plus mauvais rôle puisque je tournais le dos  au public, assise à genoux devant la crèche et que je chantais en chœur avec les autres. « Gloria in exelcis deo… » Mon frère ainé et ma soeur y participaient aussi, mais avec succès, surtout pour ma sœur qui tenait l’un des principaux rôles de sa classe. Mais à la fin,  maman a félicité mon frère et ma sœur, puis m’a dit :

   -    Chantal, où tu étais ? je ne t’ai pas vu ! Avec cet accent que je regrette d’avoir perdu même s’il n’était pas du tout apprécié en métropole.

Je ressentis un grand vide en moi, hélas, je n’avais pas été la vedette, je n’avais pas le charme de ma soeur et papa et maman ne m’avait pas vu…..

L’année suivante, je me suis retrouvée au collège, la classe de 6/5^ème chez les bonnes sœurs ayant été supprimée. Ouf !

Là, surprise, les classes étaient mixtes. C’étaient la première fois que je côtoyais des garçons à l’école, et malgré mes quatre frères, cela ma paraissait bizarre de suivre des cours dans la même classe qu’eux.

Bien sûr, je redoublais la 6^ème, mais mon frère aîné était dans la même classe que moi. Je suppose qu’il avait du lui aussi redoubler des classes en France mais j’étais toujours dans un autre monde et beaucoup d’informations ne m’atteignaient pas

Mes notes variaient énormément, tout dépendait du cours, j’étais très douée en maths mais je ne révisais toujours rien à la maison, trop de travaux ménagers à faire. La nuit, je rêvais que je faisais mes devoirs, mais le matin, ils n’étaient toujours pas faits.  J’adorais la géométrie, c’est tout, simplement parce que c’était logique. Il m’arrivait aussi d’avoir une bonne note en composition française (rédaction) comme on disait à l’époque, mais seulement quand le sujet m’intéressait, c’est-à-dire pas souvent, et quand le professeur arrivait à me lire malgré mes multiples fautes d’orthographe, car je ne recopiais jamais mes brouillons.

Scolairement, mon père ne s’est jamais mêlé de mes choix, et j’en suis contente finalement. Je décidais cette année-là de faire du latin. J’avais pris cette décision au niveau de la  6^ème  du collège parce que dans la ville ou j’habitais, la messe était