la porte ouverte -26-

Nous partîmes avec une valise chacun pour tout bagage, nous avions tout laissé derrière nous. Mes grands-parents maternels et ma tante Mathilde reposent toujours là bas, dans le cimetière de saint Eugène, mais il n’y a plus personne pour fleurir leurs tombes, maman est (était) toujours inquiète de crainte que le cimetière soit ou ai été profané.

Je faisais toujours le même  rêve après cette période, un cauchemar plutôt qui me hanta bien après l’âge adulte :

« Je cherche à me cacher, des soldats armés arrivent nombreux, très nombreux. Je sais qu’ils en veulent à ma vie, j’ai terriblement peur, je cherche un endroit ou je pourrai vraiment leur échapper mais je n’y arrive pas » et c’est là que je me réveille.

Un psychiatre pourrait facilement traduire ce rêve.

Ils se croyaient français, mes parents, malgré leur lointaine origine espagnole (ce fut mon arrière grand père, Antonio Pedro Aldeguer qui fut le premier français le 6 avril 1886.

Plus tard, bien plus tard, dans tous les livres que je lirai sur ces « évènements » d’Algérie, je n’ai rencontré que le terme « européens d’Algérie » pour nous désigner, ce qui est complètement différent et qui fait qu’aujourd’hui, je me sens européenne, ou plutôt méditerranéenne, orientale de cœur, espagnole d’origine,  mais française d’identité seulement !

Je ne vote plus, en dehors du fait qu’habitant à Nice (donc PACA), je ne veux pas être comptée dans les voix du Front National (ce décompte est trop facile à mes yeux et une grande partie de ma famille approuve mon choix et m’imite). Dans tous mes papiers, il est marqué que je suis née en Algérie, ce qui est faux parce que l’Algérie n’exista en tant que pays qu’en 1962 grâce à De gaulle. Mais si je suis française, alors, tous ceux qui sont nés là  bas avant  1962  devraient l'être aussi, juifs, catholique et musulmans, et cel aurait été tout à fait normal. Ce qui n’était pas normal, c’est que le gouvernement français leur ait refusé ce droit à l’époque. Ils avaient le droit de mourir pour la France pendant les deux guerres mondiales, mais pas celui d’en obtenir la nationalité.

Mais on ne refait pas le passé, sauf si j’ai raison de croire que l’espace et le temps n’existent pas et que l’on peut vivre plusieurs foi la même vie dans un autre espace-temps (c'est une autre histoire dont je reparlerai plus loin). Par contre, si je ne me trompe pas et que je revis cette vie, je crois que j’en modifierai beaucoup de choses, qui modifieront aussi l’avenir, mais tant mieux !