la porte ouverte -71-

passées avaient disparu. J’étais devenue curieuse de ce merveilleux phénomène et reconnaissante d’être une femme, seule condition pour vivre cela . J’allais même jusqu’à plaindre les hommes qui ne vivraient jamais d’expérience aussi fantastique. Les côtés déplaisants étaient toujours là, mais je les percevais comme un mal nécessaire, et aussi comme une occasion de me faire dorloter par un mari qui lui aussi avait mûri et qui attendait autant que moi ce petit être de pure tendresse qui allait agrandir,  remplir notre vie commune. Comme toutes les mères (enfin je le crois !)  mon cœur grandit avec le nombre de mes enfants et tous y trouvaient une place. Ma fille cadette fut  un bébé très difficile à élever, moi qui m'attendais à pouponner tranquillement, j'eu affaire à un bébé magnifique mais qui pleurait sans arret, ce qui m'inquiétait énormément car je ne comprenais jamais pourquoi elle pleurait autant et dormait si peu. Ce fut un cap très éprouvant à passer puisque mon fils avait été un bébé modèle, contrairement à sa soeur, mais plus tard elle me rendit tout au centuple.

J’avais voulu donner une petite sœur à mon grand garçon, mais je m’aperçus bien vite que l’écart d’age entre les deux enfants était trop important. Ils n’auraient jamais les mêmes jeux ni  les mêmes centres d’intérêt, . Mon fils  n’était plus seul, , mais sa petite soeur ne pourrait , pas avant longtemps etre une réelle compagnie pour lui , l’évolution de l’un par rapport à l’autre  étant trop décalé dans le temps. Et bébé grandissait, elle me prenait de moins en moins de temps, ce fut à ce moment-là que je dus faire un choix.

J’avais gardé, malgré tout, un travail à temps partiel et une nourrice s’occupait de ma fille, qui supportait tout cela très mal. J’emmenais la petite après le repas du midi, elle dormait chez sa nourrice, puis à peine réveillée, elle mettait son petit manteau, s’installait dans un fauteuil et m’attendait. J’en avais trop mal au cœur et je payais cher (très cher) pour un service nul.

1985

Je fais deux rêves sur mon beau-père décédé en 1980. Je dois avouer qu’il ne croyait rien de ce que je lui disais autrefois et me répétais sans cesse :

-      s’il y a quelque chose après la mort, fait revenir ma mère

et je n’ai jamais pu faire cela mais maintenant je pense qu’il a revu sa mère.

Mon premier rêve :

« une ambulance s’arrête devant la maison, mon beau-père est au volant, son visage est lugubre »

Mon deuxième rêve :

« je fais une fête pour mes enfants mais en regardant à la fenêtre, je vois passer mon beau-père, l’air toujours aussi sinistre »

Puis les hantises commencèrent, mon mari en est témoin, l’athée pur et dur qu’il était, devint croyant par la suite, enfin disons que moi, il me croit maintenant.

Tous les jours de pleine lune, à deux heures du matin, c’était soit une chaleur étouffante dans la chambre mansardée en hiver (rare en région parisienne !), soit le rideau de la chambre qui se soulève par le milieu à hauteur d’homme comme si quelqu’un s’amusait à le soulever d’un doigt, alors qu’aucune porte ni  fenêtre n’est ouverte, et le rideau redescend lentement, soit notre micro- four qui se mettait  en marche la nuit s'allumant et s'eteignant tout seul. Mon mari retrouvait sa lampe de chevet allumée tous les matins, ses vetements dans la chambre de mon fils etc...

J’avoue avoir eu très peur pendant cette période-là, qui a duré plusieurs mois. Je priais mais ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Je sentais que mon beau père avait besoin d’aide, je ne croyais plus en dieu mais j’étais prête à l'aider, mais comment ?